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Dessine-moi un roman
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6 avril 2010

Au nom de la loi, je vous marie

Mariage_dans_le_vent

Je rêve de me marier.

C’est mon rêve actuel, le plus fou, je ne dirai pas que c’est une obsession mais j’avoue y penser de plus en plus souvent.

Je rêve de me marier. Donc.

J’entends déjà les sarcasmes. En cinq mots et un point, j’ai réussi à me montrer extraordinairement banale. Une fille de mon âge qui commence son texte par « je rêve de me marier » et poursuit par « j’y pense de plus en plus souvent » ne doit pas avoir grand-chose dans la tête. D’une seule phrase, j’ai réussi à éveiller en toi, des préjugés instantanés. Je t’entends penser. À moins que je sois parano. Ou les deux.

J’ai vingt-deux ans et je rêve de me marier. Ouhahahahaha. On avance. Que de rêves fous.

Qui suis-je ? Les préjugés, encore les préjugés. Porté-je des lunettes estampillées d’un gros et magnifiquement ridicule D&G ? Mon sac est-il un Chanel (faux bien sûr) ? Mon papa roule-t-il en BMW et ai-je simplement commandé comme première voiture une Classe A ? Sors-je mon troisième Iphone de mon beau sac Lancaster Soft Vintage à tout bout de champs ? Pourquoi le troisième ? Parce que je me serais fait voler les deux premiers à cause de mon habituelle inattention et ma légendaire désinvolture ? On continue ? Non j’arrête là et je vais désintégrer immédiatement tes préjugés.

J’ai vingt-deux ans, je rêve de me marier et j’ai déjà tout prévu pour ce jour qui sera grand. Un an que j’y pense. Un an…

Le cocktail, le jour, la tenue, le budget, les témoins, la soirée, et le mari bien entendu ! Tout est dans ma tête.

Alors, dis, dis, dis, si ça fait un an que t’y penses, ça doit déjà être grandiose !

Calme, calme. J’ai dit que j’y pensais depuis un an. En gros, j’y ai pensé pour la première fois il y a un an. Voilà tout. Tout cumulé, je ne suis pas certaine d’y avoir réfléchi plus d’une heure.

Bon tu veux tout savoir alors pose des questions.

Le cocktail ? Le repas de la cérémonie se déroulera à midi, on va donc peut-être s’en tenir à un apéro classique, le cocktail serait un peu violent à cette heure de la journée.

Le jour ? Ça sera un jeudi. Pourquoi un jeudi ? Je ne sais pas, c’est un jour que j’ai toujours aimé.

La tenue ? J’ai pensé à tout. En ce moment, j’ai pas un rond donc je vais recycler un truc dans mon placard. Je m’imagine déjà arriver à la mairie, vêtue de mon jean le plus ancien, celui qui me fait les plus belles fesses. En haut, comme j’ai déjà prévu que ça serait en plein hiver, en janvier ou février, j’ai pensé à un beau pull en cachemire. Je n’en ai qu’un (c’est que c’est pas donné le cachemire) et il fera l’affaire.

Le budget ? C’est là que ça coince. Un témoin chacun, bon, on partage, chacun invite son témoin. Si on va à la brasserie que j’aime bien de la rue Daguerre, on n’est pas loin de la mairie du quatorzième, dix minutes à pieds et la formule du midi ne dépasse pas les douze euros quatre-vingt. Avec le vin et le dessert, je peux m’en tirer pour cinquante euros apéros compris.

La liste des invités ? Elle est déjà faite, je dois avouer que trente secondes ont été nécessaires pour l’établir. Les deux témoins seront les uniques invités.

Comment ? Les amis, la famille ? La famille c’est vite fait je n’en ai pas. Prévenir Max de mon mariage c’est au dessus de mes forces (sauf si c’est lui le marié mais là, faut dire que c’est mal barré). Les amis ? Je passe tous mes coups de fil le samedi, ils sauront donc que je suis mariée.

Pardon ? Je ne sais pas qui est le mari ? Euh... Bon déjà, en préambule, j’annonce au futur marié, quel qu’il soit, qu’il est hors de question qu’il se radine à notre mariage vêtu d’un treillis, d’un baggy, de baskets ou autres converses. Je le veux décontracté mais classe. Pour la tenue, au minimum il fait comme moi : un jean ou un pantalon et des chaussures. Ah oui, si le futur marié, futur papa, futur gendre et même futur grand-père pouvait être brun et un peu plus grand que moi ou au pire à ma taille, ça m’arrangerait. Pardon ? Ai-je au moins une idée, même vague de qui il peut s’agir ? Non, et puis celui que je veux, je l’ai perdu à cause d’une vague histoire de jalousie, une histoire stupide et si anecdotique. Disons que Maria la jolie bassiste, si brune, si italienne, si honteusement pleine de talent, si douée pour la rythmique, si capable de jouer les secondes voix, cette bassiste qui fait partie du même groupe que lui, a perdu quelques cheveux dans cette histoire, mais bon, rien de dramatique. Moi j’ai perdu mon Max, alors hein... Je ne peux donc pas te répondre sur le marié. Il existe, il est quelque part, ça c’est sûr, ma main à couper.

Pour le trajet, comme je l’ai déjà dit, c’est idéal, j’habite Paris Alésia dans le quatorzième arrondissement, pas besoin donc de prendre le métro pour me rendre à la mairie, je ferai tout à pieds. Pas besoin d’anticiper le quart d’heure de métro plus l’éventuel incident qui me ferait perdre vingt-cinq minutes. Il faudra tout de même que je sois ponctuelle un minimum, ça la fou mal de se réveiller à dix heures et demi pour un rendez-vous à la mairie à onze heures. Donc, programmer le réveil à neuf heures, ça sera parfait.

Et le voyage de noce dans tout ça ? Eh bien figure-toi que j’ai décidé de faire comme tout le monde : ce sera un avion qui nous transportera sur une île lointaine qui abritera un hôtel désert et dans lequel nous louerons une suite luxueuse. Pardon ? Tu te demandes si je suis sérieuse ? Bien sûr que non ! Je suis fauchée en ce moment et la brasserie va déjà me coûter bien cher, j’ai donc déjà fait une croix sur le voyage de noce et puis de toute façon, les trips organisés style « Club Merde » ou autres « pyramides de Kheops » en voyage organisé en compagnie de compatriotes soixante-dix ans d’âge ou quadragénaires ou pire trentenaires jeunes vieux, quatre enfants, baskets, chaussettes blanches, la banane et les Ray Ban aviateur, c’est vraiment pas mon truc. Pas plus que Disneyland, les plages privées de Juan-les-Pins, la peau cramée, Ibiza, David Guetta, Courchevel, les tire-fesses, remonter les pistes, descendre les pistes, remonter les pistes, descendre les pistes, remonter (...), descendre (...) Non vraiment, tout ça, ce n’est pas pour moi. Ne te méprends pas, je ne juge personne et je suis certainement une pauvre fille de penser de comme ça. De toute façon, je suis allergique à cette matière qui s’appelle « ostentation ». Certains ne supportent pas l’argent ou l’or sur leur peau. D’autres sortent la Ventoline à la moindre poussière qui vole ou à la moindre odeur d’humidité. Mon allergie à moi, elle porte le nom d’ostentation... Les marques en tout genre, ça me dépasse. Quand je pense qu’on paie Titi Henry des millions pour porter du « Juste fais-le » et moi, pour un tee-shirt avec la simple virgule, il me faudra débourser entre vingt et trente euros, c’est scandaleux tout de même (vous m’accorderez que le fameux joueur de hand, à moins que ce soit de foot, non, non, c’est bien dans le handball qu’il excelle lui, est exposé de par le monde certes, mais je vous assure que, quand autrefois je grimpais les chemins escarpés des Buttes Chaumont avec un Nike sur le dos, il y avait des tas de regards de mecs en direction de mes... de ma... virgule et je peux t’assurer que j’étais un écran de pub ambulant) c’est toujours les mêmes qui paient je vous jure...

Bon, revenons à nos moutons, le mariage... Ah le mariage. Quelle magie ! Je n’ai abordé, comme toute jeune femme désirant se marier, que l’aspect matériel en premier lieu. Mais finalement, quelque soit la façon dont on va s’unir, n’est-ce pas l’amour qui prime ? S’unir pour l’éternité avec celui que l’on aime... C’est beau, romantique, j’en ai déjà la chaire de poule... Et l’instant ou l’adjoint au maire nous proclamera mari et femme, je sais que ce moment là sera inoubliable, frissonnant, si intense... Si j’arrive à garder mon sérieux. C’est vrai quoi. Dommage que je ne sois pas croyante car un prêtre ou un pasteur qui vous unit devant le Seigneur, ça a plus de classe qu’un adjoint au maire qui a sûrement mieux à faire à onze heure un jeudi matin. Donc il me faudra garder mon sérieux lorsqu’il dira: « Au nom de la loi, je vous marie ! », parce que moi je vais penser à « Je vous arrête ! » et là je vais m’imaginer l’inspecteur gadget qui va débarquer : « Gogo gadget aux menottes ! »

C’est un peu ça le mariage : au nom de la loi, je vous menotte. L’un à l’autre. Sauf que ce n’est pas un jeu sexuel, c’est bien le mariage.

Et je n’ai que vingt-deux ans.

Et c’est flippant.

Je n’ai pas envie de me marier, en fait.

 Renaud Delescaut - dépôt légal @ 2010


PS : Quatre autres nouvelles sont disponibles dans la rubrique MANUSCRITS du site de Léo Scheer.

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Commentaires
D
Mauve : Tu transmets tes textes par envoi d'e-mails, donc les fichiers correspondent à des pièces jointes comme quand tu envoies un mail avec des photos par exemple, sauf que là ton courrier tu l'adresses avec ta pièce jointe (textes ou roman) au site qui héberge ton copyright. C'est bon t'as tout suivi ??
M
Merci Dame Sco', parfois j'ai honte d'être si "nunuche" et innocente en matière d'informatique!. Bon bien sur on peut pas être douée en tout domaines pas vrai!!!! Oui juste une dernière question (après je cesse le sqatt). Celà veut dire quoi tu as droit à l'envoi de cinq fichiers par mois?...<br /> Ok je m'en vais...<br /> Mauve
D
Mauve : tu fais comme Renaud, tu vas sur mon blog, tu cliques sur le logo jaune de copyright france et tu aboutis sur leur site. Pour déposer un copyright, tu payes une somme une fois pour toutes, moi c'était 14 euros pour l'option spéciale internet et ensuite tu as droit à 5 envois de fichiers gratuits par mois. Après tu peux choisir une autre formule pour déposer un copyright pour un livre ou autre, le prix est différent mais pas trop excessif. Toujours noyée ou bien ??
M
Je reviens à la charge (rho!!!), mais ça se dépose comment un copyright?<br /> Je suis comment dire, novice en la matière..<br /> Bon dimanche sous le soleil de Mexico!<br /> Mauve
D
Mauve ; pour protéger ses écrits, il faut déposer un copyright, c'est ce que j'ai fait pour mon blog;<br /> <br /> Renaud : pas de souci, y'a qu'à demander mais ce ne sera que quelques chapitres car je n'ai pas fini mes corrections. Enfin si tu veux avoir un aperçu de l'histoire il te suffit de reprendre les billets de 2009 sur mon blog,le début de l'histoire encore brute de décoffrage c'était à partir de janvier 2009 (faut excuser le style je n'avais pas écrit depuis fort longtemps), les plus construits démarrent à partir du mois de mai 2009 et les plus aboutis finissent en janvier 2010 ... bref, t'as de la lecture !!! Au fait, pour les besoins du roman, les prénoms de certains personnages ont été changé, je t'expliquerai plus précisément pourquoi une autre fois.<br /> Bonne soirée. Biz
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