Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dessine-moi un roman
Dessine-moi un roman
Newsletter
3 juin 2010

Un petit moment d'émotion...

24263_38159_17Une enveloppe rembourrée dans ma boite aux lettres. Le cœur qui palpite. Et si c'était Lui ? Non, je ne peux pas l'ouvrir comme ça, dans ce hall d'entrée lugubre. Il mérite mieux. Il mérite que je patiente quelques secondes. Bon le pain attendra, il faut que je remonte. Je cours vers l'ascenseur, mes mains sont moites, je mouille quelque peu l'enveloppe. Le papier épais et ses bulles Le protègeront. Qu'est-ce qu'il est long cet ascenseur. Et si je le déballais, ici, dans ce couloir sombre et morne ? Non, il m'a été soufflé par mademoiselle Idée tandis que je lisais, allongé sur un transat, dans le camping désert de Perros-Guirec. Il est né sur mon ordinateur, puis en manuscrit. Il a été confié aux éditeurs qui pour la plupart l'ont rejeté. L'un deux l'a trouvé mignon mais pas assez pour l'adopter. Alors j'ai décidé de m'en occuper moi-même. De parler de Lui. De lui donner la forme qu'Il mérite, d'accomplir Son destin de roman.
Un site web d'auto-édition, le choix de la couverture, tout le travail de mise en page, j'ai décidé qu'Il sortirait, clandestinement peut-être, mais il aurait une vie. Quelques rares lecteurs dépenseront 14,72 euros pour l'acquérir.

Je suis chez moi, j'ouvre l'enveloppe. Je l'arrache est le mot juste. Je tremble, je ne réalise pas. Il est sacrément bien enveloppé. Je suis obligé de me calmer afin de ne pas l'abimer. J'ôte son manteau de bulle avec soin, enlève le scotch chatterton qui lui sert de ceinture. Ça y est. Je sais que c'est con, mais une émotion nouvelle me traverse. Pas jusqu'à verser une larme mais presque. Il est beau, la couverture est plastifiée, le rendu de la photo est encore meilleur que ce que j'avais attendu. Je l'ouvre, et je parcours des mots dans des phrases dans des paragraphes dans des chapitres dans des parties dans un roman dans un livre. Oui, un livre. Des feuilles, des pages recto-verso. Mon nom en couverture et le titre. Le titre et la photo qui va tellement bien avec lui.
C'est moi qui ai fait ça. Un instant de flottement. Je n'avais jamais imaginé que mes écrits puissent réellement prendre la forme d'un livre. Cet objet étrange et si repoussant lorsque vous êtes en 4e et que le professeur vous inflige la lecture d'un Zola en moins de 2 semaines. Cette impression que l'on a d'être puni par le prof de français. Ce dernier qui devrait nous enseigner l'amour de la lecture, la magie du roman, la passion de l'écrivain mais qui tel un médecin légiste, va décortiquer le texte, montrer les boyaux, le désosser, démembrer même. Ce qui devrait être un petit grand bonheur devient alors une boucherie. Maman, je veux rentrer à la maison, j'ai peur de lire, je déteste ça, l'école m'a enseigné la répulsion envers l'objet livre...

Ce même adolescent, 16 ans plus tard, déballe son livre. Ce texte pour lequel il a tant transpiré. Ce texte sur lequel il a travaillé nuit et jour pendant 5 mois. Plutôt la nuit d'ailleurs...

Ce livre lui est étranger. Il connait le contenu par cœur, mais il lui faut dompter le contenant, réaliser qu'enfin, un roman dont il est l'auteur (ce mot que je prononce avec un infini respect), est matérialisé en objet livre...

Je le tiens entre mes mains, le feuillette et me souviens du mois de septembre 2008 et ce jour où en plein soleil à Perros-Guirec, j'entame la lecture du dernier roman de Claudie Gallay "Les déferlantes". Puis, dépassé la cinquantième page, une pulsion d'écriture me transperce, me guide en toute frénésie vers ma chambre, me pousse à sortir ce cahier à idées. Mon stylo bille est cassé, il faut que je le tienne par la tige. C'est pas évident mais j'écris, dans un état de semi-conscience. Quatre pages de mon cahier plus tard et la première scène de mon second roman est née. Gaël et Yvan sont vivants. Mais il devront attendre. Je n'ai pas terminé La vie selon Max, je m'en occuperai plus tard. Je m'excuse auprès d'eux et referme ce cahier. Perros-Guirec, tu me plais, veux-tu épouser mon histoire ?

Puis l'écriture, fin juillet 2009. Cinquante pages en dix jours... Puis la suite. Les heures passées sur mon clic-clac replié. Mon chat, mon Domino qui aime tant dormir en boule à côté de moi quand j'écris. L'euphorie de parvenir à mettre en forme et en histoire mes idées. Le fruit de ma passion est là, je le matérialise. Le doute qui s'immisce, qui me gangrène. Qui me donne du recul aussi, qui me permet de rester critique vis à vis de moi-même. Le doute, un ami pervers ou un ennemi qui vous veut du bien parfois.
Affronter tant de choses personnelles, se dévoiler et le masquer. Relire, relire, relire, une fois, dix fois, cent fois la même phrase comme si ma vie en dépendait. Et elle en dépend...
Regarder par la fenêtre et voir le  jour se lever. Se coucher, se réveiller et sourire aussitôt que l'on réalise qu'on va retourner au charbon, créer le destin de ses nouveaux amis, de ses créatures que l'on a conçu à son image. Le complexe de Dieu, c'est ça qui nous habite face à cette putain de feuille virtuelle.
La fin du roman, la correction de ce cher André grâce à qui, mon roman est plus beau, plus policé. André qui fait disparaitre les tâches d'huiles, qui pointe sur mon nez les répétitions. J'oublie aussi de parler de Christophe qui se tape la lecture de chaque phrase aussitôt mon roman commencé. Lui il corrige en amont, découvre l'histoire chaque jour. André lui, fait la finition. J'ai besoin d'eux. Je vais aussi parler de Justine qui l'a lu en moins de 48h sur ma simple demande, derrière son écran d'ordinateur, de Gérald et de son enthousiasme absolu lors de la lecture, de Rachel à qui je l'ai lu en entier par téléphone, des cent pages lues d'affilées car elle voulait connaitre la suite, de Bérangère qui m'a fait un compte rendu, une fiche de lecture absolument magnifique, et des autres qui n'ont pas aimé, elles sont deux, ce sont mes sœurs et je les remercie pour leur franchise.

Il est entre mes mains, il s'appelle En dehors du temps et il ne m'appartient plus. Il est un livre, c'est entre vos mains qu'il doit être désormais...

Publicité
Commentaires
G
Mon rêve enchanté, est juste mon humeur du moment,avec beaucoup de photos et tout et rien....Par contre j'aime lire et l'écriture est quelquechose de passionnant, mais c'est un art ...dont j'ai du mal à en coordonné tous les attraits !<br /> Je passerais te lire de temps à autres ....
M
Comme il est prenant ce billet. Comme l'on peut aisément comprendre ce que tu as pu ressentir en tenant TON livre en tes mains. Ton travail, tes mots et idées, ton toi, est à l'intérieur. Tu as enfanté cet ouvrage, et tu ne peux qu'en être ému, fier.<br /> Je te remercie de me l'avoir fait découvrir. Je l'ai aimé, vraiment beaucoup, alors t'établir une fiche de lecture a alors été un réel plaisir!<br /> Et puis aujourd'hui le posseder dans ma bibliothèque personnelle me fait énormément plaisir. <br /> Je te souhaite le meilleur, car du talent tu as, c'est indéniable.<br /> A toi, a tes romans, à ton bonheur, à ton firmament.<br /> Mauve
L
Sacré moment que tu as vécu ! André et moi venons de recevoir aussi de recevoir les livres. Allez je vais m'y replonger.<br /> <br /> Continue l'Artiste.
Dessine-moi un roman
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité