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27 juin 2010

La fièvre du samedi fin d'après-midi

M_trofouleUne chaleur à crever, une rame remplie, un métro toutes les 5 minutes. Quelle réjouissance. Une carte à plus de 56€ mensuels, un métro vieux, crade, sans clim, mal foutu... Et ses passagers... Chacun est collé, compressé contre son voisin. Une belle paire de seins écrasée contre mon dos, le souffle tiède d'un homme que je sens défaillir, une poussette, la mère qui se croit prioritaire, unique, attention, je me fiche de la foule, je suis avec l'élu, mon enfant (qui est largement en âge de marcher et qui n'est pas handicapé). Évidemment, la maman et son énorme chariot transporteur de petit prince prend toute la place et il faut deviner à quelle station elle devra sortir. Le métro s'arrête, Châtelet, elle démarre, elle pousse, elle éructe, elle insulte, je suis compressé contre une foule et je perds mes moyens, j'hésite une nano seconde, quelqu'un me pousse violemment. Il faut laisser passer cette poussette, cette maman prioritaire. Je me retourne et oublie la foule. J'oublie que je ne suis qu'un gringalet et qu'avant me m'énerver, je devrais regarder à qui j'ai affaire. Je fais face à un grand black, costaud, surement le mari de la poussette. Je lui hurle dessus, la chaleur, le bruit le monde ne font qu'accroitre ma nervosité. "Tu ne me pousses pas, t'es fou de me pousser, pour qui tu te prends, y a personne qui me pousse". Le type m'explique qu'il faut laisser le passage à la poussette, il reste calme, la poussette est déjà sur le quai, je fulmine, j'en ai vraiment rien à foutre de la foule. J'ai envie de le massacrer le type qui m'a poussé et qui ne devait pas penser une seconde que le maigrichon que je suis allait se rebeller. C'est si rare de nos jours. La foule elle veut rentrer et met un terme à notre altercation. On me dit de fermer ma gueule, que je suis celui qui gêne.
Nous sommes samedi, sur la ligne 4, il est dix-neuf heures. Il fait étouffant, l'atmosphère est moite et la foule se hait. Je hais la foule, je hais le métro, je hais Paris.
Dix-neuf heures trente, nous arrivons à Saint-Germain-des-Près et tout est calme. Les terrasses sont bondées mais dans une petite rue, des tables sont installées sur un trottoir, il s'agit du bar d'un grand hôtel. Les serveurs sont aimables. Nous commandons un demi à 6€. La tension retombe enfin. Nous marchons ensuite jusqu'à Odéon, puis Saint-Michel, puis Notre-Dame et la balade prend une tournure romantique. Nous traversons l'île de la cité, accostant rive droite rue de Rivoli. Notre marche se termine à Saint-Paul dans le marais.
Vingt-deux heures trente, le métro est vide, les vitres sont ouvertes, la climatisation est toujours inexistante, mais l'air s'engouffre dans la rame et nous permet de respirer. La porte de chez moi franchie, je pense à ces quartiers magnifiques, à ma copine Notre Dame de Paris, à ces îles que j'aime tant (Saint-Louis et la Cité) et j'oublie cet épisode du métro. Paris est à moi, je respire enfin, je me sens privilégié, je me sens chez moi...

Je sais qu'un jour je quitterai ma capitale et qu'elle deviendra le lieu que je choisirai lorsque je désirerai me mettre au vert... Se mettre au vert, j'y reviens encore, décidément, c'est un sujet récurrent...

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Commentaires
D
Bravo j'ai eu l'impression de retourner à Paris pendant quelques instants. C'est exactement cela que je ressentais quand je prenais le métro (ce qui ne m'arrivait pas trop souvent car j'habitais et travaillais en grande couronne). Mais c'est tout à fait ça, le cauchemar de se retrouver écrasé dans le métro et le plaisir de flâner dans Paris, je regrette parfois de ne pas m'être aventurer plus souvent et plus longtemps dans les rues parisiennes.<br /> En tout cas courage à toi qui est encore là-haut, je n'ai pas résisté et l'appelle du sud a été plus fort.
L
Merci pour cette charmante (mais terriblement réaliste) description de Paname ! Malgré la fin de ton histoire, je me demande vraiment pourquoi je reste ici. Réponse : la fainéantise de chercher autre chose je crois. Mais ça va changer ! Promis, juré !
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