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Dessine-moi un roman
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3 août 2010

Écrire et se libérer : un pléonasme

JanusPage 63. Lorsque je fais une petite pause pour reposer mes neurones et prendre le recul primordial à la qualité et à la cohérence d'un roman naissant, je suis toujours étonné du petit miracle qui peut se produire lorsque je réalise qu'une nouvelle histoire est née, que des personnages sont vivants, que des lieux que je ne connais pas me deviennent familiers. Une curieuse alchimie s'est créée, en attestent ces 63 pages. Mais je ne suis jamais certain que la magie se poursuive, j'ai toujours peur d'avoir tout dit et d'être à sec.
L'écriture d'un roman c'est ça. Tant qu'on n'a pas mis le point final, tant que la mécanique de l'histoire n'a pas révélé ses rouages, le roman n'existe pas, il est un espoir de roman, une rêverie, un fantasme du scribouillard que je suis, qui se rêve écrivain, non pour la vanité de cette appellation, mais parce qu'il pense qu'il n'est pas doué pour autre chose, que sa place sur terre il l'a trouvée un jour de janvier 2008, lorsqu'il s'est mis à rédiger son premier roman et que jamais auparavant, il n'avait ressenti un tel bonheur, une telle utilité : celle de raconter à ses congénères des histoires, des rêves, des drames, des sentiments, des confusions, des destinées qui se croisent, des vies transformées par des rencontres.
Il y a un parallèle à faire entre les destins des personnages d'une histoire qui se croisent, et le destin de celui qui écrit avec celui de son lecteur. Je l'ai lu plusieurs fois, il s'agit de la rencontre entre deux solitudes : celle de l'auteur et celle du lecteur. Le vecteur de cette rencontre est le livre, les feuilles de papier imprimées, et aussi, dans notre ère technologique, l'écran d'ordinateur et le site web ou le blog d'un auteur.

Je sais que ma vie a changé lorsque je me suis mis à lire intensément. Quelles sensations j'ai pu ressentir lorsqu'un auteur à réussi son pari, celui de s'adresser à tout un chacun, à vous, à moi, intimement. La magie du roman réussi, c'est quand l'auteur parvient à faire ressentir à chaque lecteur, qu'il s'est adressé à lui en particulier. Écrire en parlant de soi ou en racontant le monde, à travers une fiction, un décors imaginé, tout en faisant ressentir au lecteur que ce dernier est unique.

Quand un lecteur vient vers celui qui écrit, et qu'il le remercie, que ce qu'il a lu l'a aidé car il était parcouru des mêmes états d'âmes, il traversait les mêmes difficultés que celles racontées par l'histoire qu'il lisait, la mission est réussie. L'auteur est alors traversé d'une grande joie, d'une émotion indescriptible, il est parvenu à utiliser comme personne les mots de tout le monde (citation célèbre et trop souvent reprise de Céline).

Aujourd'hui, je suis à la page 63 de mon nouveau roman, après avoir mis de côté le précédent, car je ne trouvais pas les clés pour le terminer. Je n'ai pas la certitude de le terminer un jour, comme je n'ai jamais eu la certitude de conclure les deux premiers.

La seule certitude que je possède aujourd'hui, c'est ma volonté de rester honnête quant à ce que j'écris : je ne ferai jamais de concessions, j'essaierai d'être le plus juste possible, mes écrits devront-ils attendre dix ans avant d'être finalisés et valables. Mes personnages, j'induis en chacun une qualité indispensable : la patience. Ils doivent m'attendre, être prêts, je peux les réveiller quand je veux et continuer à écrire leur vie qui se dessine. Ou continuer à dessiner leur vie qui s'écrit. N'importe quand, à n'importe quelle heure, même la nuit, je peux débarquer, allumer la lumière, user et abuser de ma souris et de mon clavier, de Word, de mes doigts et de ma petite cervelle, et découvrir ce que je me prépare à raconter. Car lorsque j'écris, en léger décalé, je suis également un lecteur, mon propre lecteur, je me dédouble. J'écris, je me lis, je me corrige, je m'efface, me supprime, me censure, me libère...

Écrire et se libérer, encore un pléonasme...

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Commentaires
L
Très joliment dit.
L
Très joliment dit.
L
cela me rassure, j'ai tant d'histoires commencées et jamais finies ! Parfois l'écriture m'est une étrange frustration ou une douleur sourde mais lorsqu'on atteint son but (après 500 relectures ;-) ) quel soulagement !
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