Épuisement passager
Épuisement passager. Sensation de vide, perte totale d'énergie. L'écriture me demande une énergie folle que je n'ai pas en ce moment. Quand j'écris, je me dis qu'il faudrait me brancher sur une centrale électrique, voire nucléaire. Je consomme, je consume. Ce blog, exception qui confirme ma règle actuelle, je me disperse, je me dissous, je n'écris plus, je n'apprécie pas ce que je lis. Le pire dans tout ça, c'est que je me sens inspiré. Mes obsessions sont là, elles ne demandent qu'à sortir. Mon "moi inconscient" trépigne, piétine, montre son impatience. Il bouillonne, il dirige mes mains vers le clavier. Mais le cerveau ne suit pas. Ou plutôt le cœur. La vie nous rattrape et le réel se confond avec la fiction. Pas toujours facile de faire la part des choses.
Écrire, croire qu'on invente, se rendre compte qu'on était vraiment prémonitoire. Était-on voyant ? Ou plutôt clairvoyant ? Messieurs les mots, je joue avec vous, mais je le jure, je ne me joue pas de vous. Vous êtes suspendus à moi, prêts à vous étaler sur mes feuilles, prêts à me consoler et à guérir le petit Renaud en souffrance. Prêt à me transformer en un autre, celui qui parvient (certes rarement) à se transcender et à raconter de belles choses qui toucheront les autres. Mademoiselle Idée, elle est là, je ne note plus rien et je constate qu'elle aussi m'attend et me resouffle ce qu'elle m'a soufflé hier, mais que trop fatigué, je n'ai pas pris la peine de retenir, de noter.
Travailler pour vivre, je trouve ça vulgaire mais nous en sommes tous là. Vivre pour travailler, c'est déjà mieux, mais qu'est-ce que travailler ? Juste faire bonne figure et ramener de l'argent, subsister ? Ou travailler sur un écrit, qui ne rapporte rien mais qui permet à son auteur d'exister et de ressentir un peu de vie ?
Pensées furtives, pensées éphémères ? Déprime passagère, crise de réalisme ? Ou tout simplement monstrueuse fatigue ?
Page 99, mon roman va bientôt fêter ses 100 pages. Serait-ce la fatigue des 100 pages ? La peur de ne pas le terminer ? De ne pas lui rendre justice, de massacrer sa fin ? De ne pas vivre assez longtemps pour le terminer ? Ou alors, une fois encore, de ne pas séduire un seul éditeur ?
Je sais, j'essaie. Ce que je vaux, ce que je dois faire. J'ignore si j'ai les moyens d'y arriver, je doute, et puis j'oublie. Un jour je me lève, tout est terminé, je suis fier et encore fatigué...