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Dessine-moi un roman
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2 novembre 2010

Comme un canard

IMG_0101Un jardin, des canards, des oies, des bancs publics, des lectrices, les feuilles d'automne. Voilà le tableau. Le joli tableau dans lequel je me suis fondu en ce dimanche dernier. Tiens, je ne connaissais pas trop le quartier des Batignoles. Je n'étais même pas certain de le localiser. Paris est grand, Paris est varié et le parcours touristique que j'aime faire quand je suis de repos est souvent le même à quelques variations près. Alors changeons.
Dimanche, 13h30. Une maman accroupie tient son petit garçon, blondinet ému par des canards dodus qui batifolent dans le square des Batignoles. Il leur donne du pain, il est aux anges. Puis il sanglote. Le bec d'un canard, ça peut pincer. Jean qui rit, Jean qui pleure. Quand sa mère lui explique que ça ne peut pas faire mal, les larmes de l'enfant stoppent net leur course, les vannes sont coupées. Le petit retrouve immédiatement le sourire. Les canards se battent pour un quignon de pain, chacun montre qu'il est le plus fort. Un peu plus loin, c'est un oie qui fait sa loi. Et elle est respectée. Ses plumes noires et son bec qu'on croirait fraîchement trempé dans un seau de peinture rouge, lui donnent une allure singulière. Moins royale que les oies blanches, mais un petit air pincé, mystérieux. Mon téléphone est de sortie, je bombarde de photos, clac clac clac clac. Je filme aussi. Voilà ce que ça donne un type qui n'est pas sorti de Paris depuis une éternité.

Puis je me retourne et deux bancs publics sont occupés l'un par une dame avec son chien à ses pieds, l'autre par une demoiselle aux lunettes avec montures de plastique sauce années 80. Chacune est absorbée par ce qu'elle lit. Chacune est plongée dans un roman. L'une d'elle, la plus jeune, vit le dernier Houellebecq.  Passionnément.

Et c'est là que j'ai puisé, en ce dernier jour du mois d'octobre qui est traditionnellement peu prolifique en écriture et en lecture chez moi, ma motivation à entamer la 113e page de mon roman en cours "Anarchie".
Comme si j'étais un peu un de ces canards à ma façon. Imaginer un ou une lectrice absorbée par un de mes écrits, un beau jour d'octobre, dans le square des Batignoles, avec le bruit de l'eau qui coule de la petite cascade en fond, les coins-coins et les feuilles qui pleuvent et colorent le square de jaune, égayer la journée de quelqu'un ou de quelqu'une, c'est un sentiment fort auquel je m'attache aussi.

Les motivations pour écrire sont diverses. Thérapie, vanité, vivre d'autres vies, et aussi revêtir les habits d'amuseur, de conteur.. dans le square des Batignoles.

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Commentaires
R
Je n'ai jamais dit ça...<br /> <br /> J'aspire à être moi, c'est déjà pas mal et assez usant ;-)<br /> <br /> J'aspire à passionner les lecteurs et lectrices, comme Houellebecq a réussi à faire avec son dernier roman (que j'ai acheté hier d'ailleurs).<br /> <br /> Mais pour le reste, être soi, vaste programme non ?
B
Aspirer à être comme Houellebecq, n'est peut-être pas la meilleure des ambitions à avoir.
H
Ta description donne envie de quitter Aix-en-Provence pour partager ce moment !
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