Retour au réel
On croit le temps arrêté, on pense le maitriser. Plus rien n'existe, on est plongé dans un ailleurs avec eux.
Eux. Ceux dont on a dessiné l'âme un beau jour. On ne sait jamais pourquoi ni vraiment par quel procédé miraculeux ils se sont mis à exister. Soudain ils ont un caractère, une personnalité, ils sont vivants et nous surprennent. Ils avancent dans leur temporalité tandis que la notre a cessé d'exister.
Mais malgré tout, le temps passe, les obligations pointent leur jolie minois, les paramètres physiques nous redonnent le sens du mot réalité. Avoir faim, s'endormir en écrivant par exemple sont les deux paramètres qui auront le plus souvent raison de notre volonté à rester immergé dans ce monde imaginaire. La journée de travail qui nous attend exige un minimum de sommeil. Ainsi donc, la déconnexion de ce monde est violente. Nos yeux se sont accomodés à une lumière douce et lorsque l'on quitte à regret ses personnages, leur histoire, la lumière devient violente, tout est décuplé, en plus d'être ébloui, les bruits environnants nous aggressent les esgourdent, l'angoisse se profile. Lorsque l'on se reconnecte au monde réel, le plus dur est de réussir à se focaliser sur les vraies problématiques de la vie. Remplir une tâche administrative devient alors un enfer, tout comme une tâche ménagère, tout comme...
Ecrire, c'est aimer se déconnecter, c'est plonger assez loin dans un ailleurs, mais plus près de soi. Du vrai soi.
Dur, dur de s'adapter à la réalité, mes yeux en sont encore choqués. Y a-t-il un mode d'emploi qui permette de conjuguer la vie normale avec la vie d'écriture ?