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Dessine-moi un roman
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13 avril 2011

Retour au réel

entre2On croit le temps arrêté, on pense le maitriser. Plus rien n'existe, on est plongé dans un ailleurs avec eux.

Eux. Ceux dont on a dessiné l'âme un beau jour. On ne sait jamais pourquoi ni vraiment par quel procédé miraculeux ils se sont mis à exister. Soudain ils ont un caractère, une personnalité, ils sont vivants et nous surprennent. Ils avancent dans leur temporalité tandis que la notre a cessé d'exister.

Mais malgré tout, le temps passe, les obligations pointent leur jolie minois, les paramètres physiques nous redonnent le sens du mot réalité. Avoir faim, s'endormir en écrivant par exemple sont les deux paramètres qui auront le plus souvent  raison de notre volonté à rester immergé dans ce monde imaginaire. La journée de travail qui nous attend exige un minimum de sommeil. Ainsi donc, la déconnexion de ce monde est violente. Nos yeux se sont accomodés à une lumière douce et lorsque l'on quitte à regret ses personnages, leur histoire, la lumière devient violente, tout est décuplé, en plus d'être ébloui, les bruits environnants  nous aggressent les esgourdent, l'angoisse se profile. Lorsque l'on se reconnecte au monde réel, le plus dur est de réussir à se focaliser sur les vraies problématiques de la vie. Remplir une tâche administrative devient alors un enfer, tout comme une tâche ménagère, tout comme...

Ecrire, c'est aimer se déconnecter, c'est plonger assez loin dans un ailleurs, mais plus près de soi. Du vrai soi.

Dur, dur de s'adapter à la réalité, mes yeux en sont encore choqués. Y a-t-il un mode d'emploi qui permette de conjuguer la vie normale avec la vie d'écriture ?

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Commentaires
R
LiliaK : <br /> <br /> "Et puis si écrire est ta priorité, rogner dessus à cause d'obligations diverses est sûrement très très désagréable, et douloureux."<br /> <br /> C'est tout à fait ça. Très très difficile en effet de concilier les deux... Je vais essayer, tu fais comment toi ?<br /> <br /> Perrine : Je suis issu de différents milieux professionnels, je n'ai pas fait d'études, me suis barré d'un IUT en fin de première année quand j'avais 20 ans. J'ai commencé par la radio en tant qu'animateur, puis après j'ai glissé vers la réalisation, puis j'ai glissé vers le milieu informatique. Je travaille maintenant pour un opérateur téléphonique, je pilote des projets de tests de plateformes web... Je travaille dans un milieu qui est antinomique de la planète livre. J'ai un travail d'ingénieur avec mon seul bac, je devrais en être fier, mais j'y attache peu d'importance. Et moins j'y attache d'importance, et plus j'y arrive, je devrais faire ça avec mes livres...<br /> Pour la nouvelle, j'ai essayé beaucoup de solutions, celle-ci était la moins pire, rien que le choix du titre et la date au début te révèlent la fin. 8 décembre 1980 à Nex-York... Working Class Hero, titre culte de Lennon et qui correspond bien à l'antihéros qui raconte cette histoire... C'est difficile de surprendre, très casse gueule... Tu me diras ce que tu as pensé de l'autre "Un mur entre nous".<br /> Quant au fait que tu aies pleuré, j'avoue que je suis sur le cul ;) je me dis que c'est peut-être pas si mal alors...<br /> <br /> T :<br /> Merci pour ton com mon Tonio, je ne savais pas que tu lisais mon blog, t'imagines pas comme ça me fait plaisir. @ plus !!!
T
Salut Renaud, <br /> Quel beau texte... Je pense que l'essence même de la création (littéraire, cinématographique...) est contenu dans cette phrase "Ecrire, c'est aimer se déconnecter, c'est plonger assez loin dans un ailleurs, mais plus près de soi. Du vrai soi".<br /> Bon courage, <br /> T
P
Oui c'est pas évident de s'adapter à ce monde quand on est un peu "déviant". <br /> Est-ce que je peux te demander quel a été ton parcours professionnel? Si c'est pas trop indiscret bien sûr...<br /> <br /> Sinon j'ai lu ta nouvelle : Working class hero, je l'ai trouvée très bonne. J'ai même eu la chair de poule et les larmes aux yeux à la fin. Je suis une personne très sensible, mais quand même, c'est pas rien! J'aime bien que le narrateur soit ce personnage que personne n'attend. Et j'aime le thème. <br /> <br /> Une toute petite remarque de rien du tout néanmoins : dès le départ on sait que la mort de John Lennon va être abordée. Et justement je me demande si tu n'aurais pas gagné à éluder un peu plus longtemps l'identité du chanteur. Pour que la chute ait plus de poids. Que les indices s'accumulent sans qu'on ait vraiment des certitudes et puis qu'à la fin on se dise : "Oh non merde, c'était lui". Mais peut-être que ça aurait été compliqué étant donné que les circonstances de sa mort sont connues du grand public.
L
Je ne crois pas qu'il y ait un mode d'emploi. Disons que chacun doit trouver son propre point d'équilibre pour justement ne pas verser dans la déconnexion totale. La "réalité" nourrit aussi nos histoires et nos personnages, on en a besoin et c'est je pense ce qui nous sauve.<br /> Mais au juste qu'est ce que la réalité ? Ce monde de fous où l'on joue plus ou moins docilement les esclaves, ou bien cette disponibilité au monde, cette ouverture que suppose la création ?<br /> En fait, je ne parlerais pas de "réalité" mais plutôt de société conformiste et excessivement normative à laquelle des esprits inventifs auront plus de mal à s'adapter.<br /> Et puis si écrire est ta priorité, rogner dessus à cause d'obligations diverses est sûrement très très désagréable, et douloureux. Bon courage donc dans cette recherche de conciliation entre l'imaginaire et le quotidien.
P
C'est peut-être parce que tu es un auteur très investi, passionné, qui fonctionne à l'instinct. Il y a des écrivains très pragmatiques qui ont des séances de travail très ritualisées. Ils écrivent par exemple de telle heure à telle heure, dans un endroit précis, un nombre précis de pages. Et chaque jour, quoi qu'il arrive, ils se tiennent à ce cérémonial. Et le reste du temps ils vivent leur vie normalement, partagent du temps avec leur famille, leurs amis. Le retour au réel ne semble pas problématique pour eux. Enfin je crois. C'est un mode de fonctionnement qui m'est totalement étranger je dois dire!<br /> <br /> Je sais que Stieg Larsson par exemple, c'était tout le contraire. Il passait 10 ou 12 heures par jour devant son ordinateur, mangeait sur le pouce (des trucs pas très sains, on imagine!), buvait beaucoup de café. Le retour à la réalité, pour lui devait s'avérer beaucoup plus difficile. C'est peut-être ça qui l'a tué d'ailleurs. <br /> J'ai toujours pensé qu'un artiste était quelqu'un qui vivait dans un bordel organisé, qui était solitaire et qui vivait à fond son art jusqu'à s'en rendre malade. Mais peut-être n'est ce pas la meilleure façon de créer. Peut-être qu'au fond c'est contre-productif, qu'il faut savoir s'imposer des règles pour qu'émerge le meilleur de nous-mêmes!
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